L’EDD pour transformer le monde

Directeur de la CoalitionEducation ONG, Stefan Jakob a accordé un entretien à la revue ventuno. Il y évoque le potentiel des objectifs de développement durable (ODD) dans la «transformation du monde» ainsi que l'importance et l'opportunité pour la formation de participer à ce processus mondial.

Quelle est l’importance de l’école pour la réalisation des ODD ?
Dans sa prise de position « L’éducation, clé du développement durable », la CoalitionEducation ONG répond précisément à cette question : sans un investissement général dans l’éducation en vue d’un développement durable à tous les niveaux de la formation, les objectifs de durabilité de l’Agenda 2030 ne pourront être atteints en Suisse, ou le seront très tardivement. Dans sa nouvelle « Stratégie pour le Développement Durable », le Conseil fédéral devrait donc se focaliser sur l’EDD en tant que thématique transversale et la définir comme tâche prioritaire dans son nouveau message sur l’encouragement de la formation, de la recherche et de l’innovation. Cette tâche, ancrée dans le paysage de la formation en Suisse, est au cœur de l’éducation formelle, mais pas uniquement. Elle concerne également de nombreux prestataires privés et publics, du niveau préscolaire à la formation continue, comme de l’éducation informelle et non-formelle.

Connaissez-vous de bons exemples pour aborder le développement durable à l’école ?
Bien avant que l’ancien conseiller fédéral Adolf Ogi n’explique devant les médias comment cuire des œufs en économisant de l’énergie, de bons exemples se sont développés, notamment dans l’économie familiale, avec des thèmes liés à la santé, à l’écologie, aux cycles économiques et de production, y compris le commerce équitable, les droits humains et la migration. Depuis quelque temps, les élèves s’intéressent également au potentiel des économies d’énergie, et de nombreux établissements scolaires s’investissent dans des projets visant une école neutre en CO2 ou collaborent avec des personnes âgées du quartier pour l’aménagement d’un jardin scolaire. Ainsi, les élèves se voient de plus en plus confrontés aux notions de cycles naturels mais aussi aux cycles de production, aux clés d’une alimentation saine et à diverses questions sociales vives. L’enseignement – et en particulier l’EDD – dans le sens d’une approche globale de l’école (Whole school approach) ou d’une école en santé et durable, joue un rôle absolument central pour atteindre les objectifs de durabilité de l’Agenda 2030 !

Certaines matières ou certains groupes d’âges sont-ils déterminants dans l’enseignement des aspects de la durabilité ?
Ou les ODD n’auraient-ils pas leur place au cycle 1 ? Bien au contraire ! Plusieurs organisations membres de la CoalitionEducation ONG interviennent même avec beaucoup de succès au niveau préscolaire. Avec les jeunes enfants bien sûr, on ne discute pas directement des objectifs de durabilité de l’Agenda 2030. Mais chaque jeu pratiqué librement en plein air ou au contact de la nature – comme lorsque l’école a lieu en forêt – conduit à des rencontres avec soi-même, avec les autres et avec l’environnement. Ces rencontres, qui sortent de l’ordinaire pour bon nombre d’enfants actuellement, posent les bases d’une économie et d’une société qui souhaitent devenir durables.

Quelles compétences les élèves doivent-ils acquérir ?
La numérisation implique que de plus en plus de travail sera réalisé par les ordinateurs et l’intelligence artificielle. Cela signifie qu’à l’avenir, il y aura une demande croissante pour les compétences humaines qui ne peuvent pas être remplacées par les ordinateurs et la numérisation. L’EDD œuvre activement au développement de telles compétences comme la communication, la coopération, l’intelligence sociale, la pensée en systèmes ou le fait d’agir de manière responsable. L’EDD se positionne donc en tant que concept intéressant également d’un point de vue économique, et pour lequel la Confédération et les cantons doivent continuer à investir.

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