Élimination et recyclage

Cet approfondissement thématique fait partie du dossier pédagogique "oui, allo ?"
 

Les thèmes suivants le complètent:

 
Pour chaque chapitre traité, les principaux aspects abordés sont mis en évidence :
société , environnement , économie et les deux dimensions : spatiale (ici et dans d'autres pays) et temporelle (passé, présent et futur).
 
Recyclage

Que se passe-t-il avec les téléphones mobiles usagés?     

En Suisse, seuls deux téléphones portables sur dix sont recyclés. Qu’en est-il des huit autres appareils ? La plupart d’entre eux restent dans les tiroirs de leurs propriétaires, qui souvent ne savent pas quoi faire d’un appareil encore en état de marche...

Trop peu de smartphones sont recyclés en Suisse. Environ huit millions de personnes vivent dans notre pays, et on estime qu’autant d’appareils en état de marche sont laissés inutilisés dans les tiroirs, pour une valeur totale d’environ 60 millions de francs suisses, qui pourraient être recyclés. A cet égard, relevons que depuis 1994, une taxe anticipée de recyclage (TAR) est prélevée en Suisse sur les nouveaux équipements électroniques et électriques. Cette taxe est destinée au recyclage correct des équipements, au recyclage des matériaux et à l’élimination correcte des matériaux non réutilisables et des substances nocives. Elle est payée par le consommateur chaque fois qu’il achète un nouvel appareil. Grâce à cette taxe, les vieux téléphones peuvent être rapportés gratuitement aux points de vente, qui les envoient ensuite à un centre de recyclage. L’association SWICO, qui regroupe les fabricants et importateurs d’appareils électroniques, gère leur collecte et leur élimination.

Source : lemediatv.fr. L’instant éco

Près des trois quarts des éléments d’un smartphone peuvent être récupérés et réutilisés. Seule une petite partie, les pièces en matière plastique par exemple, est éliminée dans les incinérateurs. La valorisation est particulièrement intéressante pour les matières premières comme le cuivre, l’or, l’argent, le palladium et les terres rares. En témoigne le fait que, pour obtenir 9 g d’or, il faut extraire 1000 kg de pierres, alors qu’en éliminant 1 000 kg de smartphones on peut obtenir pas moins de 280 g d’or, qui ne doit pas être extrait des entrailles de la Terre avec l’impact sur l’environnement que l’on sait. Les déchets électroniques représentent les mines du futur : abondantes, disponibles et beaucoup plus riches que les mines traditionnelles. La vente des matières premières récupérées permet ainsi de financer près de 50 % des activités liées au recyclage des équipements. Le cuivre, un métal rare et cher, se trouve en grande quantité dans un téléphone portable et constitue l’une des principales ressources de ce commerce. La taxe anticipée couvre les 50 % restants des coûts.

Non seulement le recyclage, mais aussi la réutilisation

 

Le système de recyclage pratiqué en Suisse ne prévoit aucune forme de tri des téléphones portables récupérés. Ils sont détruits, qu’ils fonctionnent encore ou non. Les coûts écologiques sont donc très élevés au moment même où un téléphone mobile ou un autre appareil électronique est produit. Leur réutilisation éventuelle permettrait de réduire au moins partiellement cet impact. Les téléphones en bon état ou réparables peuvent être facilement réutilisés et leur durée de vie prolongée.

 

La Convention de Bâle et la Suisse 

 

La Convention de Bâle a été adoptée en 1989 sous les auspices de l’ONU pour réglementer les mouvements internationaux de déchets dangereux. Elle a été ratifiée par presque tous les pays, à l’exception des États-Unis et d’Haïti. Elle interdit les exportations de déchets toxiques (par exemple, des téléphones portables défectueux) dans les pays en développement tant et aussi longtemps que le pays destinataire ne pourra prouver qu’il peut s’en débarrasser correctement. La législation suisse va plus loin et n’autorise l’exportation de déchets toxiques que vers les pays membres de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), qui comprend 57 États d’Europe, d’Asie centrale et d’Amérique du Nord. Le plus grand producteur mondial de déchets électroniques, les États-Unis, n’a pas ratifié la convention et exporte 80 % de ses déchets principalement vers la Chine et l’Inde.

Découvrez le texte de la Convention de Bâle ici (0.814.05)

 
   
Décharges

Le Sud : un dépotoir pour le Nord ? L’exemple du Ghana.       

Une grande partie des téléphones mobiles usagés sont expédiés vers les pays en développement. En théorie, ces exportations permettent de prolonger la vie des appareils et d’améliorer l’accès aux télécommunications pour les populations du Sud. Par exemple, le Ghana, pays d’Afrique de l’Ouest à forte croissance économique, est un centre important pour la réception, la réutilisation, la récupération et l’élimination des déchets électroniques. Accra, la capitale, abrite un marché de l’occasion très dynamique et un vaste réseau d’ateliers de réparation, mais aussi l’une des décharges de déchets électroniques les plus grandes et les plus polluées du monde.

Une seconde vie trop courte

L’envoi d’équipements d’occasion dans les pays en développement, notamment de téléphones portables et d’ordinateurs, est extrêmement important, car il permet aux populations locales d’accéder aux nouvelles technologies. Le Ghana en est un exemple ; en effet la télévision et l’internet y sont de plus en plus populaires et de nombreux étudiant-e-s universitaires possèdent un ordinateur d’occasion. 

Source: Marché aux épaves au Ghana (2020)

Mais les impacts négatifs peuvent également être considérables. Souvent, les appareils exportés ont vécu (en moyenne) deux ou trois ans, et certains arrivent défectueux ou détériorés à destination, contrevenant ainsi à la Convention de Bâle (voir chapitre précédent). Leur seconde vie peut donc être très courte, allant de quelques semaines à un an, et ils finissent rapidement à la décharge. De ce fait, ils apparaîtront dans les statistiques comme des déchets électroniques produits localement et contribuent à augmenter la montagne de déchets produits. Une montagne que les pays en développement ont notoirement du mal à gérer, car le traitement des déchets électroniques dans le respect de l’environnement et de la santé est très coûteux.

 

Une catastrophe sociale, écologique et sanitaire

À Agbogbloshie, un quartier de la capitale ghanéenne, comme dans d’autres endroits dépourvus d’installations adéquates d’élimination des déchets, des hommes et des enfants extraient – par des méthodes nocives pour l’environnement et la santé – du cuivre, de l’aluminium et d’autres matériaux destinés à retourner dans les industries et les raffineries des pays développés.


Source : francetvinfo. Le Ghana, cimetière des ordinateurs (2017) 

Les personnes qui sont contraintes de vivre dans ces lieux et de recycler les déchets à mains nues, sans protection ni formation adéquates, le font pour des raisons économiques, pour survivre et ne pas mourir de faim. L’élimination des déchets est une source importante de revenus pour la population locale. Ceux et celles qui manipulent de vieux appareils en brûlant les parties en plastique pour récupérer le cuivre ou l’or qu’ils contiennent s’exposent à des gaz toxiques qui présentent des risques considérables pour la santé, notamment pour la peau, les voies respiratoires, les reins et le système nerveux. Et les métaux lourds, qui contaminent les rivières, la mer et le sol, constituent également une menace pour la santé, car ils peuvent se retrouver indirectement dans l’organisme notamment à travers l’alimentation – le régime alimentaire au Ghana est basé en effet sur le poisson et les fruits de mer.

 

Le revers de la médaille

Des contrôles sont nécessaires. Toutefois, tant que la plupart des téléphones portables finissent dans des décharges où ils ne peuvent être éliminés correctement, d’autres stratégies doivent être envisagées. Par exemple, la société néerlandaise « Closing the loop », qui propose un service en circuit fermé pour les téléphones portables, propose de compenser chaque nouveau téléphone portable vendu en Europe par l’achat d’un nombre équivalent d’appareils destinés à être mis en décharge en Afrique, afin qu’ils puissent être éliminés correctement. Le système fonctionne et permet d’enrayer l’augmentation de la montagne de déchets, de créer des emplois, d’améliorer les conditions environnementales et de maintenir en vie le marché de l’occasion en Afrique. [PG1] 


 

 

Éviter les déchets

Comment éviter de créer des déchets : quelques solutions       

Quelles solutions un consommateur attentif pourrait-il adopter pour encourager une économie circulaire et réduire ainsi la montagne de déchets électroniques?

Avant d’acheter un smartphone, il faut réfléchir à ce que l’on va faire de celui que l’on n’utilisera plus. De plus en plus, les opérateurs de téléphonie mobile et les fabricants proposent de reprendre votre smartphone usagé. Mais avant de le leur remettre, il faut se demander s’il ne vaut pas la peine de le réparer.

2 tonnes de CO2, ça représente quoi ?


Source : monconvertisseurco2.fr

Prolonger la durée de vie de son téléphone portable

Si le smartphone est endommagé, on peut envisager de le réparer. De plus en plus d’opérateurs et autres spécialistes du secteur proposent un service de réparation allant du remplacement de l’écran ou de la coque au remplacement de la batterie, en passant par la réparation des dégâts causés par l’eau ou l’endommagement de composants spécifiques tels que l’appareil photo, le microphone, les haut-parleurs, les différents boutons, etc. ; les problèmes liés aux logiciels peuvent également être résolus. En outre, des spécialistes reconnus offrent des garanties tant sur la réparation que sur les pièces de rechange utilisées. Ces dernières années, les prix de ce type de service sont devenus plus abordables, notamment en raison d’une concurrence accrue, et donc attrayants pour le consommateur moyen.

Se débarrasser correctement de son téléphone portable

Si vous avez décidé de remplacer votre smartphone, il vaut la peine de se débarrasser correctement de l’appareil inutilisé. S’il est endommagé, vous pouvez le remettre gratuitement dans un magasin de téléphonie mobile ou dans l’un des plus de 600 points de collecte SWICO en Suisse. De là, les appareils vont directement chez l’un des partenaires de recyclage où ils sont désassemblés de manière appropriée et la vente des matières premières obtenues contribue au financement des activités liées au recyclage des appareils. S’il est donné à une association d’entraide, le produit de la vente des matières premières sera utilisé à cette fin.  

Remettre en circulation les biens usagés

Si votre smartphone fonctionne encore, vous pouvez le rendre à un magasin ou en faire don à une association caritative. Si le téléphone mobile est de fabrication récente et en bon état, il est nettoyé, le logiciel mis à jour et les données effacées par des opérateurs spécialisés. Une fois remis à neuf, ils peuvent être revendus comme reconditionnés.  

Acheter un téléphone portable reconditionné ou d’occasion 

En tant que consommateur ou consommatrice, je peux choisir de ne pas vouloir à tout prix un téléphone de dernière génération et, donc, opter pour un téléphone d’occasion. De nombreuses plateformes d’achat et de vente sur internet permettent aux particuliers de vendre leurs téléphones portables usagés. On y trouve des smartphones dans tous les états imaginables, des appareils pratiquement neufs aux appareils plutôt anciens, réparés ou non. Avec un peu de patience, on peut y trouver de bonnes affaires !

Si vous voulez être sûr-e, vous pouvez choisir d’acheter un appareil d’occasion reconditionné, que vous trouverez chez les détaillants et les fabricants, généralement avec une garantie d’au moins un an. Pour les consommateurs, c’est une possibilité d’économiser un peu d’argent sans prendre trop de risques.

Opter pour un smartphone issu du commerce équitable

On peut également opter plus hardiment pour l’achat d’un Fairphone, un téléphone portable issu de la production durable qui mise sur des matériaux plus équitables, recyclés et extraits de manière responsable, et sur la longévité grâce à ses composants remplaçables.

De plus en plus de grandes marques et d’opérateurs de téléphonie mobile prêtent attention aux différents aspects de la durabilité, et cette approche est en constante évolution, comme l’a déclaré Swisscom, par exemple : « d’ici à la fin de 2025, nous voulons contribuer à une amélioration substantielle des conditions de travail de plus de deux millions de personnes dans le monde, et à cette fin, nous réalisons des audits chaque année ».

 

Sources

Des sources, pour aller plus loin

Le recyclage des déchets électroniques ne suit pas
Un rapport publié en 2020 met en lumière le défi de l’économie circulaire pour nos équipements électriques et électroniques usagés. La plus grande partie de ces déchets a été brûlée ou enterrée en 2019. Les auteurs dénoncent aussi le trafic vers les pays pauvres. Lire l'article de Le Temps (2.07.2020)

La pollution numérique
La pollution numérique, c'est quoi ? 5 minutes en video pour mieux comprendre l'impact environnemental de son smartphone.

Swico: recyclage et élimination des déchets
En tant que particulier, deux possibilités s’offrent à vous pour éliminer votre appareil gratuitement et de manière écoresponsable. Un enlèvement moyennant paiement d’une redevance est possible dans des cas exceptionnels. Découvrez tout ce que vous devez savoir sur le recyclage et l'élimination des déchets électroniques en Suisse.

Fairphone - le smartphone éthique
Du sol dans votre poche, le parcours d'un smartphone est jalonné de pratiques déloyales. Nous sommes convaincus qu'un secteur de l'électronique plus équitable est possible : en changeant les choses au sein du secteur, nous donnons une voix à ceux qui s'en préoccupent. Découvrez ce téléphone mobile et lisez le test du Le Monde (21.10.21) sur le dernier modèle. Voici ce que le directeur créatif de Fairphone raconte à TEDx (en anglais).

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La république des déchets électroniques (en italien)
Chaque année, le monde produit plus de 40 millions de tonnes de déchets électriques et électroniques (également appelés déchets électroniques). Parmi les déchets produits, seule une petite proportion - environ 15,5 % en 2014 - est recyclée à l'aide de méthodes efficaces et respectueuses de l'environnement. Consultez ce dossier du magazine International, avec une carte interactive par production de déchets dans chaque pays du monde et des reportages vidéo.