Génération Y et consommation

Durant plusieurs décennies, Klaus Hurrelmann a marqué la recherche dans le domaine de la socialisation, de la formation, de la santé et de la prévention en Allemagne. Dans le cadre d’une discussion avec ventuno, il encourage les écoles à promouvoir, par le biais de projets participatifs concrets, les compétences des jeunes en matière de consommation.

Jamais auparavant les jeunes n’avaient été confrontés, dans tous les domaines de leur vie, à une telle abondance de choix. Ils appartiennent à la génération Y, celle des 15 à 30 ans. C’est la génération des natifs numériques, qui bénéficient d’une bonne formation et dont la réalité quotidienne diffère fondamentalement de celle des générations précédentes. Ces jeunes se distinguent par un scepticisme affiché face aux structures hiérarchiques et un mode de vie orienté sur leurs propres besoins. Ils évaluent ce qui s’offre à eux à la lumière des avantages qu’ils pourront en retirer. Au quotidien, ils misent de manière pragmatique sur la participation et la codécision.

Monsieur Hurrelmann, dans votre nouveau livre «Die heimlichen Revolutionäre. Wie die Generation Y unsere Welt verändert», vous brossez un portrait positif des jeunes de 15 à 30 ans. A quoi ressemble le monde après cette révolution secrète?
Dans le cadre de la famille, les structures recomposées n’étonnent plus personne, mais on continue d’avoir une attitude assez ferme envers les enfants. Dans le domaine professionnel, les hiérarchies changent et deviennent plus horizontales. Les jeunes veulent pouvoir influencer directement le monde du travail, laisser des traces et développer des projets de manière autonome. De même en est-il de leurs loisirs, qu’ils gèrent, la plupart du temps de manière remarquable et efficace, par le biais des médias électroniques. Dans le domaine politique en revanche, les Y continuent de tâtonner. Ils ne sont pas satisfaits de la manière actuelle dont évoluent les conditions sociales. A ce sujet, ils accordent une grande importance à la participation.

Et à l’école?
Le rôle des enseignants va changer. Ils n’auront plus une attitude directrice et autoritaire. Ils agiront plutôt comme des formateurs et laisseront beaucoup de liberté à la créativité individuelle et à l’autonomie.

Quelles sont les valeurs phares des jeunes adultes?
La crise économique de 2007–2008 a eu des répercussions matérielles également sur la génération Y. Cela explique un certain retour à l’ordre, au zèle, à la discipline et à la propreté. C’est une génération très attentive à ses intérêts et à ses besoins personnels. Les personnes plus âgées ont, de ce fait, tendance à considérer les Y comme égoïstes et uniquement centrés sur eux-mêmes.

La génération Y s’engage-t-elle pour le développement durable?
Prenons l’exemple de Stephanie, une étudiante d’Aachen. Elle et ses collègues d’étude, mécontents du fait que la Deutsche Bahn ait suspendu la location de vélos en hiver – sous prétexte qu’on ne peut rouler à cette saison – ont créé leur propre entreprise de location de vélos électriques. Celle-ci est organisée de manière très moderne, par un service de réservation via smartphone. Ces étudiants font ainsi preuve d’engagement social et d’un esprit d’entreprise allant dans le sens d’une politique environnementale.

Interview complète (revue ventuno)

L'invité

Prof. Dr. Klaus Hurrelmann | Université de Bielefeld (D)
 

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