En forêt, voir ses élèves sous un jour nouveau

La forêt est un formidable lieu d’apprentissage vivant qui offre de multiples possibilités pour déplacer l’enseignement hors de la salle de classe. Elle constitue un terrain d’expérimentation complexe, qui favorise des processus formateurs en vue d’une société plus durable. Que l’on parle d’éducation à l’environnement ou d’éducation en vue d’un développement durable (EDD) n’est pas déterminant. L’essentiel se situe au niveau de la qualité du contenu. Précisions avec Rolf Jucker, directeur de la fondation SILVIVA. 

Dans l’éducation à l’environnement tout comme dans l’EDD, la forêt est à la fois un thème et un lieu d’apprentissage. Où sont les points communs, où sont les différences ?
Dans chacune de ces approches éducatives, il s’agit de formation de qualité, efficace, qui a pour objectif de nous rendre aptes à faire face aux défis en matière de durabilité. Chaque approche, avec ce qu’elle permet d’apprendre, aide à assurer la transition vers une société durable. Il y a d’autres points communs au niveau de la méthodologie, de l’acquisition des compétences, de la réflexion systémique ou de la capacité d’analyse.

Qu’est-ce qui fait de la forêt un thème et un lieu d’apprentissage propices à l’EDD ?
Différentes recherches sur les processus d’apprentissage montrent que les élèves, surtout au degré primaire, apprennent souvent mieux dehors qu’en classe. J’en ai pris conscience au Danemark en découvrant le fonctionnement d’une « Open School ». Se confronter à des situations de la vie réelle – discuter avec un garde-forestier ou une conseillère communale – a des effets sur l’apprentissage à différents niveaux : émotionnel, cognitif, social, créatif et dans la construction de la personnalité. La forêt laisse de la place à l’imprévu, elle change au cours des saisons, ce qui rend chaque visite captivante. Comme elle est libre d’accès et généralement pas trop éloignée, elle offre, sans trop d’investissements, la possibilité d’exercer des compétences dans différentes disciplines, et ce en lien avec le plan d’études.

«Se confronter à des situations de la vie réelle – discuter avec un garde-forestier ou une conseillère communale – a des effets sur l’apprentissage à différents niveaux : émotionnel, cognitif, social, créatif et dans la construction de la personnalité.»

L’école est-elle disposée à enseigner la forêt – en tant qu’approche pédagogique globale – directement en forêt ?
En tous les cas, notre nouveau manuel pratique « L’école à ciel ouvert » (voir ci-contre), sorte de boîte à outils transposable à différents lieux d’apprentissage extrascolaires, rencontre beaucoup de succès, tout comme les cours d’introduction au manuel proposés en collaboration avec les HEP. Il faut toutefois relever qu’il est plus facile d’utiliser la forêt comme lieu d’apprentissage à l’école primaire, dont l’approche est plus systémique. Mais il existe aussi des possibilités d’enseigner certaines disciplines du cycle 3 et du postobligatoire en forêt.

Comment encourager les enseignants à sortir ?
Il est essentiel, bien sûr, qu’ils soient soutenus par leurs directions, et qu’ils puissent échanger leurs idées et outils avec d’autres enseignants. Les tandems – à savoir un enseignant habitué aux sorties avec un collègue peu expérimenté – fonctionnent généralement bien. Une autre forme particulièrement intéressante est l’échange régulier au sein de groupes d’enseignants, de responsables de la formation continue, de directions d’écoles et de chercheurs. Dans un projet pilote, SILVIVA est sur le point de montrer comment enseigner à l’extérieur peut être intégré de manière globale dans la culture scolaire.

                

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